LA CHIRURGIE ESTHÉTIQUE EST-ELLE RISQUÉE ?

Page rédigée par le Docteur Raphaël Barthelemy le 31 janvier 2024

« Docteur, est-ce que c’est risqué ? » Cette question est bien légitime ! En effet, toute intervention chirurgicale – ou tout acte de médecine esthétique d’ailleurs – comporte des risques, pour une bonne et simple raison : le risque zéro n’existe pas en médecine. Mais alors, la chirurgie esthétique est-elle risquée ? Nous allons voir ça.

Il est important de distinguer différents types de risques liés aux interventions de chirurgie esthétique.

 

1. Les risques vitaux

De manière générale, les interventions de chirurgie esthétique ou réparatrice ne présentent pas de risques « vitaux », c’est-à-dire pouvant mettre en jeu le pronostic vital (en d’autres termes, il n’y a quasiment aucun risque de mourir lors d’une intervention de chirurgie esthétique !).

Certaines complications peuvent toutefois engager le pronostic vital si elles ne sont pas prises en charge à temps. Une hémorragie massive, si elle passe inaperçue, peut conduire à un choc hémorragique. Une embolie pulmonaire peut également être mortelle si elle est massive. Fort heureusement, ces complications sont très rares et sont prises en charge rapidement lorsqu’elles surviennent.

 

2. Les risques communs à toute intervention

Certains risques sont communs à toutes – ou quasiment toutes – les opérations de chirurgie esthétique. Parmi eux, on peut citer :

• L’hématome : un hématome est une collection de sang, c’est-à-dire du sang qui s’accumule et forme une sorte de poche. Ce n’est pas la même chose que les ecchymoses, qui sont une infiltration sanguine des tissus sous-cutanés (c’est-à-dire un bleu). Un hématome est une complication qui peut être grave, et qui nécessite dans la grande majorité des cas d’être évacué (parfois au bloc opératoire) ;
• L’infection: les infections post-opératoires se font de plus en plus rares, ceci grâce aux précautions prises par les chirurgiens et à la propreté des blocs opératoires. Toutefois, ce risque existe pour chaque intervention ;
• La cicatrisation pathologique: certaines personnes cicatrisent moins bien que d’autres, et certaines zones du corps sont plus susceptibles d’être le siège d’une cicatrisation pathologique. Cela consiste la plupart du temps en la formation de cicatrices dites chéloides, c’est-à-dire très épaisses et en relief, parfois colorées, et qui ne s’améliorent pas avec le temps ;
• L’insatisfaction liée au résultat: il s’agit d’un risque non pas organique mais psychologique, et spécifique à la chirurgie esthétique. En effet, cette insatisfaction naît la plupart du temps du décalage entre le résultat souhaité ou fantasmé et le résultat réel.

 

3. Les risques spécifiques à chaque intervention

Certaines interventions, en plus des risques « communs » cités précédemment, comportent des risques spécifiques. On peut notamment évoquer :

• La perte de sensibilité cutanée: cette perte de sensibilité est généralement temporaire, et dure quelques semaines à quelques mois. La récupération de la sensibilité est le plus souvent totale, mais elle peut parfois être partielle. Elle concerne la chirurgie mammaire (réduction mammaire, prothèses mammaires…), la chirurgie de la silhouette (plastie abdominale, lifting des bras ou des cuisses…) ou la chirurgie du visage (lipoaspiration du double menton…) ;
• Les risques thrombo-emboliques: c’est-à-dire le risque de phlébite et d’embolie pulmonaire, qui sont des risques qui peuvent être graves. Ce risque est habituellement prévenu par le port de bas de contention et la prise d’anti-coagulants post-opératoires. Les interventions concernées sont essentiellement la plastie abdominale, le lifting de cuisses et la lipoaspiration des membres inférieurs.

 

4. Les risques liés au terrain

Certaines personnes sont plus fragiles que d’autres, et sont plus susceptibles de développer des complications suite à leur intervention. Parmi les pathologies qui augmentent les risquess de complications, on peut citer :

• Le diabète: les patients diabétiques sont plus susceptibles de s’infecter et de mal cicatriser ;
• Le tabac: le tabac augmente à peu près tous les risques (saignement, infection, mauvaise cicatrisation, phlébite…) et doit impérativement être stoppé avant toute intervention chirurgicale ;
• L’obésité: les patients obèses (c’est-à-dire dont l’indice de masse corporelle ou « IMC » est supérieur à 30) sont des « colosses aux pieds d’argile » qui sont plus à risque de mal cicatriser, de saigner et d’avoir des complications thrombo-emboliques.

 

5. Les risques liés à l’anesthésie

Enfin, on peut citer les risques liés à l’anesthésie. Paradoxalement, les risques liés à l’anesthésie générale restent les plus redoutés par les patients ; nombreux en effet sont ceux qui craignent de « ne pas se réveiller » après leur intervention. Ce risque de ne pas se réveiller n’existe pas en réalité, car le réveil se produit dès l’arrêt de l’administration des drogues anesthésiques. Il existe bien évidemment quelques complications liées à l’anesthésie, mais celles-ci sont rarissimes.

En conclusion, notre réponse à la question « la chirurgie esthétique est-elle risquée » est nuancée. Il serait juste de dire que, oui, la chirurgie esthétique comporte des risques, mais que ceux-ci sont heureusement rares et la plupart du temps peu graves. C’est le rôle de votre chirurgien de vous expliquer les risques spécifiques à votre cas et à votre intervention, et de vous accompagner dans la période de convalescence. Ainsi, vous pourrez vous faire opérer en toute confiance !