COMMENT AVOIR UNE BELLE CICATRICE POST-OPÉRATOIRE ?

Page rédigée par le Docteur Raphaël Barthelemy le 30 octobre 2024

« Docteur, vais-je avoir une belle cicatrice après mon opération ? » Les patients qui viennent au cabinet avant leur intervention sont souvent inquiets au sujet de leur future cicatrice ; ils ont peur qu’elle soit visible, inesthétique, qu’elle se remarque. Mais alors, y a-t-il moyen d’avoir une belle cicatrice après une opération de chirurgie esthétique ? Réponse du Dr Raphaël Barthelemy.

 

Le processus biologique de cicatrisation

Tout d’abord, il faut rappeler que la cicatrisation est un processus naturel qui se déroule en 4 étapes :

1. L’hémostase: c’est-à-dire l’arrêt du saignement au niveau de la cicatrice.

2. L’inflammation: c’est la « base » de la formation, de la cicatrice. Ce processus active la formation de collagène (pour la résistance) et d’élastine (pour la souplesse). La cicatrice est habituellement rouge à ce stade.

3. La prolifération: les cellules se multiplient et le tissu se reconstruit peu à peu.

4. La maturation: le tissu cicatriciel se renforce et devient fonctionnel. La cicatrice devient généralement plate et blanche à ce stade.

Une cicatrice met 1 à 2 ans pour arrêter d’évoluer. Il est donc déconseillé de se faire une opinion prématurée au sujet de sa cicatrice ! sa qualité dépend de plusieurs facteurs, que nous allons détailler à présent.

 

La qualité de la cicatrice dépend de plusieurs facteurs, classés en trois groupes

1. Ceux qui sont contrôlés par le chirurgien

 La qualité de la cicatrice dépend bien entendu – et heureusement – en partie de la qualité de travail du chirurgien. Ce paramètre est donc contrôlé, et contrôlable.

La qualité de la suture est un élément essentiel, et dépend entièrement du chirurgien. Sa finesse, sa régularité sont directement liés à l’application et à l’expertise de votre chirurgien.

La technique chirurgicale joue aussi un rôle important : selon la zone opérée, le fil utilisé sera plus ou moins fin, sera enfoui ou au contraire sera extériorisé sur la peau… Normalement, tout chirurgien esthétique qui se respecte est capable de réaliser de très jolies sutures.

L’utilisation du laser Urgotouch en fin d’intervention permet également d’améliorer l’aspect de la cicatrice. C’est un laser qui aide le corps à mieux cicatriser, et donc la cicatrice à être la plus jolie possible.

2. Ceux qui sont contrôlés par le patient

 Ensuite, la qualité de la cicatrice dépend du comportement du patient, de son attitude vis-à-vis d’elle. Là aussi, il s’agit d’un paramètre sur lequel il est possible d’influer.

 Le respect des consignes pré et post-opératoires repose intégralement sur l’adhésion du patient au traitement. Parmi ces consignes, on peut notamment citer l’arrêt du tabac et de certains médicaments pro-inflammatoires, et également l’absence d’exposition solaire pendant un an. Le respect des consignes est important pour une cicatrisation dans de bonnes conditions.

Le bon déroulement des soins post-opératoires est essentiel à une bonne cicatrisation. Il faut nettoyer la cicatrice tous les jours et appliquer un pansement adapté. Les premiers jours, les soins sont généralement faits par un infirmier afin de s’assurer de leur bonne réalisation et de contrôler la cicatrice.

L’hygiène de vie du patient, de manière plus large, joue un rôle dans le processus de cicatrisation et dans l’aspect final de la cicatrice. Une bonne hygiène de vie aide à bien cicatriser : une bonne alimentation, équilibrée, aide le corps à récupérer et permet la formation d’une cicatrice de qualité. A l’inverse, une mauvaise hygiène de vie compromet la cicatrisation. Le tabagisme notamment joue un rôle catastrophique dans la cicatrisation : il est primordial d’arrêter de fumer avant de se faire opérer.

Enfin, l’état de santé du patient joue aussi un rôle. Certaines pathologies, comme le diabète, ont un impact défavorable sur la cicatrisation.

3. Ceux qui échappent à tout contrôle et sont imprévisibles

 Enfin, certains facteurs ne dépendent ni de la qualité du chirurgien, ni de la bonne volonté du patient. Ce sont des facteurs aléatoires, sur lesquels on ne peut avoir une influence.

La qualité de la peau du patient est une caractéristique personnelle, propre à chaque individu, et totalement aléatoire. On hérite génétiquement d’une qualité de peau. Certains vont avoir une peau qui cicatrise bien, voire très bien, tandis que d’autres vont avoir tendance à faire des cicatrices inesthétiques, ou pire encore, pathologiques (cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes). On n’y peut strictement rien, c’est une grande loterie.

La localisation de la cicatrice a également un impact sur l’aspect de la cicatrice. En effet, certaines zones du corps cicatrisent mieux que d’autres. Le visage, les paupières sont connues pour leur bonne – voire excellente – cicatrisation. A l’inverse, le thorax par exemple est une zone où la formation de cicatrices pathologiques est plus fréquente.

Enfin, le phototype a également une influence. Statistiquement, les peaux claires ont plus de chances de bien cicatriser, alors que les peaux noires ou asiatiques sont plus à risque de développer des cicatrices pathologiques.

En conclusion, comment avoir une belle cicatrice en post-opératoire après une chirurgie esthétique ? Grâce à la somme de différents facteurs : la qualité de suture du chirurgien tout d’abord, le bon respect des consignes et des soins post-opératoires ensuite, et la qualité intrinsèque de votre peau enfin. Certains de ces facteurs sont directement contrôlables et liés à une activité volontaire, tandis que d’autres échappent à tout contrôle et sont tout bonnement aléatoires. L’aspect final d’une cicatrice reste donc imprévisible et impossible à prédire à l’avance.